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11.258

L'événement le plus important et le plus significatif de ce mois pour l'avenir est passé presque complètement inaperçu : mardi 5 novembre 2019, la revue anglophone BioScience a publié un article signé par onze mille deux cent cinquante huit scientifiques (11 258). C'est un véritable signal d'alarme sur l'état de l'urgence climatique et de la pollution mondiale. C'est également un triste anniversaire et un cri d'espoir.


Un triste anniversaire : il y a quarante ans, en 1979, se réunissait la première conférence mondiale pour le Climat (First World Climate Conference) à Genève. Cinquante nations y étaient représentées. Les conférenciers tiraient déjà le signal d'alarme sur les évolutions alarmantes en matière de pollution et sur l'urgence de lutter contre cette tendance lourde. Depuis, bien des événements internationaux se sont produits : Sommet de Rio en 1992, Protocole de Kyoto en 1997, COP 2015 à Paris, avec un accord mondial non contraignant. Mais durant ces quarante ans, les engagements publics, industriels et collectifs n'ont pas sanctionné cette réelle prise de conscience planétaire. Il est possible aujourd'hui de ressortir tristement cette vielle blague que tout le monde connaît : "Nous étions au bord du gouffre, depuis, nous avons fait un grand pas en avant". Qu'attendent nos dirigeants (économiques et politiques) ? Et nous, simples citoyens, qu'attendons nous pour imposer à ceux-ci de se contraindre enfin pour la sauvegarde de la Planète "notre unique demeure" ? Nous savons imposer des réformes politiques ou sociales par toutes sortes de mobilisations et d'actions. Nous savons gagner de nouveaux droits, par la lutte (signatures, manifestations, grèves, sans parler des forces du désespoir que l'on peut mobiliser dans les pires situations). Et nous ne saurions nous mobiliser pour garantir notre santé et pour notre vie dans le futur ?


Un cri d'espoir : nous sommes au milieu du guet. Certes, la situation actuelle est peu enviable : il ne semble plus possible d'éviter un réchauffement moyen mondial de 2°C. Cette hausse de température est faussement rassurante. Elle n'est ni la promesse d'hivers plus doux, ni celle d'étés plus beaux. Cette moyenne, comme toutes les moyennes, gomme une disparité de hausses véritablement catastrophiques. Elle signifie un bouleversement catastrophique des courants transocéaniques. Pour ce qui concerne seulement notre Europe, finis le Gulf Stream et la douceur océane. Le paradoxe du réchauffement climatique saura à court terme alterner les étés étouffants (plus de 45° C en périodes de canicule) et les hivers sibériens (peut-être - 20°C ou moins encore aux périodes des plus grands froids). De tels excès de température à proximité des mers et de l'Océan atlantique induiront une insupportable dégradation du climat (tempêtes, typhons, sècheresses et inondations locales ou alternées, submersions marines etc.). Des régions entières, parfois déjà surpeuplées, seront définitivement submergées (pas seulement notre Camargue, mais de nombreuses îles polynésiennes, le Bangladesh, une multitude de régions côtières de par le monde etc.

L'institution australienne intitulée Breakthrough National Center for Climate Restoraton (Centre National de Recherche pour la Restauration du Climat) nous avertit, dans un rapport de 2018, que les trente ans à venir - entre 2020 et 2050 - verront se présenter un risque majeur pour la civilisation et pour la vie même de notre espèce.

L'appel des 11 258 est aussi un appel à l'espoir : Un changement de paradigmes sociétaux (avec de radicales innovations en matière économique, sociale, écologique) nous annonce un possible "bien-être humain supérieur à long terme par rapport au statu quo". La réconciliation de la science et de la conscience nous laisse entrevoir un espoir d'amélioration stupéfiant de la qualité de vie de tous les êtres humains : fin des famines, extinction d'un grand nombre de maladies, accès du plus grand nombre à un âge avancé en bonne santé physique et psychique, organisation politique et internationale plus sécure pour tous...


Le choix de notre avenir se pose de manière spécialement cruciale dans les prochains mois. En cas de mauvaise orientation d'ici trois ans, la catastrophe est inévitable. Si l'Humanité, dans son ensemble et spécialement du fait de ses dirigeants, opte pour un changement radical en faveur de l'écologie, l'avenir sera rude, sans doute, mais porteur d'un immense espoir en l'avenir. A ce titre, les choix de l'année 2020 s'avèrent cruciaux. Puissent les forces de la Raison et de l'Humanisme triompher bientôt...


Montauban, le 9 novembre 2019,

Jacques Faure



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